« Et vous savez pourquoi ? Parce que ça tue le commerce. » – Robert Al de Niro Capone

Il y a de cela quelques vendredis dans un train, entre Bergerac et Saint-Emilion, une jeune femme m’a dérangé au beau milieu de mes rêveries teintées à l’iPod pour savoir si je descendais à Libourne ou à Bordeaux. Pour des raisons extrêmement peu claires, je me rendais à Bordeaux, mais je descendais à Libourne, dans l’espoir de changer de train, et pas uniquement parce que les TGV couvrent moins la musique des iPods que les michelines régionales. Je lui répondis que je descendais à Libourne, et vu qu’elle aussi, et qu’un coup de main ne serait pas de refus, elle me demanda mon aide après avoir jugé du peu d’encombrement que m’occasionnaient mes sacs. Elle traînait une énorme poussette à deux places où à l’avant un petit costaud faisait rouler une remorque de tracteur, et où à l’arrière, une toute petite en robe rose cherchait le sommeil. Elle avait aussi un énorme sac fourre-tout ultrasolide récupéré dans un magasin d’ameublement suédois : il était plein de jouets, d’affaires de bébés, d’électroménager – mon œil s’était attardé sur un mixeur. Je devais apprendre au cours de l’heure suivante – parce que comme si ça ne suffisait pas, le train multipliait les arrêts et accumulait les retards – qu’elle était partie précipitamment. Je ne crois pas avoir entendu pourquoi, et en fait, ça ne m’intéressait pas. Elle avait besoin de moi parce que ceux qui connaissent la gare de Libourne savent que si on ne s’arrête pas au quai numéro un, on est bon pour les tunnels souterrains blanchâtres. Elle n’y arriverait jamais avec sa poussette et son sac, sa vie et ses emmerdes.

Pendant qu’elle me les détaillait précisément, je retournais à des vieux souvenirs. Comme quand j’avais découvert le Cuirassé Potemkine en lisant une critique des Incorruptibles de Brian de Palma dans Première. Je lisais beaucoup Première quand j’avais douze ans. C’est vrai que là où je vivais les films arrivaient en bateau. Première arrivait en avion. On avait même vu des films débarquer sur le Dégrad des Cannes alors que les vidéoclubs les louaient depuis trois ou quatre mois. Il y avait aussi des films qui s’étaient perdus dans le coin : les Dix Commandements et Ben-Hur qui ressurgissaient toujours à Pâques. Lire Première, pour moi, c’était aller au cinoche. Je n’y suis pas allé souvent ces années-là, une ou deux fois par an. J’en ai des souvenirs confus, comme si j’avais vu Les Gremlins et SOS Fantômes la même semaine, comme si j’avais vu les Incorruptibles, Mission et Il Etait une fois en Amérique le même jour… découvrant ainsi Robert de Niro et Ennio Morricone, tous les deux, dans une même après-midi… (quoiqu’une après-midi ne suffise pas aux trois films).

Je me souviens avoir attendu un an pour que Les Incorruptibles arrivent. Même Sean Connery avait eu tout son temps pour avoir son Oscar. Ce qui m’avait laissé tout loisir pour découvrir le Cuirassé Potemkine à la bibliothèque de bois qui branle. Pas qu’on puisse y voir des films, mais parce qu’il y avait des encyclopédies du cinéma. Comme l’article de Première parlait de la magnificence italienne de de Palma, ses caractères baroque et maniériste, dont il use dans ses décors de l’Opéra, de l’hôtel, du tribunal, évoquait Paillasse l’opéra, encensait l’usage des objectifs à bifocale et la plongée contre plongée, je cherchais quelque lignes sur les arcanes architecturales d’Italie, sur le comédien assassin, sur le vocabulaire du cinéma. Ridi, Pagliaccio, e ognun applaudirà ! Plus tard, en voyant enfin le film, la mise au point sur le chanteur et sur le premier balcon, la larme à l’œil de Capone, je comprenais le symbole.

Aujourd’hui, je ne pourrais plus grandir comme ça. La poussette d’Eisenstein tombe les marches sur le net, les films sont disponibles à domicile en six mois, quatre parfois, on peut les revoir dix fois, vingt fois peut-être, sans risque de tuer la bande magnétique d’une VHS ou de la voir jaunir sous l’humidité verte. Je ne me risquerai plus à lire l’Universalis pour tout savoir de cette scène.

Alors que dans ma jeunesse, vu que les films mettaient du temps à arriver, qu’on ne les voyait qu’une fois, qu’ils partaient rapidement à l’autre bout du littoral, qu’on ne pouvait pas espérer les revoir avant quatre ou cinq ans, sur le premier ou le second canal, qu’on pouvait espérer les avoir en cassette pour un temps limité, j’avais appris à les regarder attentivement pour les raconter à nouveau dans la cour de récréation. Parce qu’après tout l’attention est toujours tournée vers ceux qui racontent. Qui racontent bien. Et j’avais besoin d’attention, ou de quelque chose qui y ressemblait. Je ne dirai pas que c’était mieux avant. C’était comme ça. Point.

Des Incorruptibles de Brian de Palma, il y avait mille choses à raconter. J’ai rejoué mille scènes, je les ai réécrites patiemment. Etonnamment, j’étais un des rares de ma classe à être allé le voir. Ça m’arrivait souvent d’être original, pendant que je voyais Mission, tout le monde allait voir Youngblood, mais pour les Incorruptibles je ne me le suis jamais expliqué. Il y avait un côté sanglant, il y avait un côté western, il y avait une affiche format géant qui donnait bien sur le cimetière. Kevin Costner et Andy Garcia n’étaient pas encore des vedettes… avec Christophe Lambert et Van Damme, ça l’aurait peut-être fait. Moi ça ne me dérangeait nullement d’être l’unique spectateur des films que j’allais pouvoir raconter : ils étaient à moi, je contrôlais la réécriture. Et dans les Incorruptibles, je le disais plus haut, il y avait mille choses à raconter : les anecdotiques comme quand Connery-Malone assassine un cadavre pour faire parler un mort en permission, comme lorsque de Niro-Capone éclate un de ses lieutenants à la batte de base-ball lors d’un petit dîner entre amis, comme ce moment où une petite fille explose chez un commerçant qui refuse de revendre de la bière trafiquée juste après que le même de Niro-Capone nous eusse expliqué que :

« Il y a de la violence à Chicago, je ne le nie pas, mais elle ne vient pas de moi, elle ne vient pas des gens qui travaillent pour moi, et vous savez pourquoi ? Parce que ça tue le commerce. »

J’avais aussi ma psychologie à deux balles et personne à qui la raconter, sauf mon frère qui devait m’écouter parler. « Les deux Incorruptibles qui se font descendre, sont ceux que l’on voit boire à un moment dans le film ! Ça, ça n’est sûrement pas un hasard ! » Et puis il y avait les scènes qui se racontent longuement. L’attaque d’un convoi d’alcool qui ressemble à une charge fantastique, le faux plan séquence qui amène à la mort du premier des quatre héros dont le sang servira à peindre un « touchable » mal traduit en français sur les murs de l’ascenseur de service, le plan séquence en fausse caméra subjective qui retrace toute la mort de Connery-Malone, ou à vrai dire plutôt que sa mort, le guet-apens, la scène des toits du palais de justice où Ness enverra Frank Nitti prendre une voiture sans repasser par la case « escalier ».

Depuis, j’ai vu des milliers de films. J’ai vu tous les de Palma, et je ne lui ai jamais trouvé qu’une seule de ses réalisations suivantes à la hauteur de cette adaptation des Incorruptibles, Carlito’s Way, L’Impasse. J’ai trouvé ridicule de lire un jour : « de Palma a su adapter la série mythique des Incorruptibles pour le cinéma, c’est l’homme de la situation pour Mission : Impossible. » Je sais aujourd’hui que la scène phare du film, celle de la poussette dans les escaliers n’est pas le seul hommage au cinéma des années 20. La mort de Connery-Malone est une reprise de la scène d’ouverture de Scarface (Scarface dont il avait fait un remake).

Ce qui m’est revenu à l’esprit dans ce train, c’est comment j’avais pu raconter la scène de la gare une centaine de fois, en ne l’ayant vu qu’une fois. Ce n’est pas que j’appréciais plus les films… c’est que j’avais attendu tellement longtemps… et la poussette d’Eisenstein et de Potemkine que j’ai attendu plus longtemps encore… je pourrais la raconter mille fois, lui écrire une bande-son…

Dans la cour de récréation ça faisait quelque chose comme…

« Tout le temps que Ness passe à aider cette dame dans les escaliers, tous les personnages s’installent.

Tous les types qu’il va falloir tuer. Sans tuer le comptable. Sans George Stone qui est parti surveiller la deuxième entrée à l’autre bout de la gare.

Le dernier des gangsters à entrer a le nez cassé. Ness en sait quelque chose, c’est lui qui le lui a cassé.

Il n’y a pas à hésiter. On le voit quand même compter des yeux le nombre de types qu’il va lui falloir descendre. Puis il se retourne et renvoie le nez cassé par la porte vitrée.

George Stone a entendu la détonation à l’autre bout de la gare, il était quasiment à la porte. Il revient.

Ness pousse le landau malencontreusement. Il abat un gars, en deux fois, en touche un autre à l’épaule. Dus bas, un type (il a un peu l’allure de Peter Coyote ou de Leonard Cohen) en gabardine blanche a sorti sa mitraillette Thompson.

Il se fait descendre de dos, on ne sait pas comment… le temps de refaire le point : George Stone est un tireur hors pair. Hors pair, ça veut dire qu’il n’y en a pas deux.

Le landau se jette pour de bon. La mère a perdu tout espoir.

Plus bas un autre type (il a un peu l’allure de Joe Pesci) tire sans se soucier de la poussette.

Ness tente d’exploser la seconde épaule du gars qui n’a plus d’épaule gauche : il tire trop bas. A partir de là tous remarquent le landau ! Y en a même un qui va tirer dessus.

Les marins et les quidams qui passaient par là et qui se font tous descendre.

Ness qui tente de le rattraper tout en tirant sur le faux Joe Pesci qui a la bonne d’idée d’aller se cacher derrière une colonne pour recharger. C’est juste à ce moment qu’on se rend compte que Ness n’a plus de balle. Que le landau va s’écraser en bas. Qu’ils vont tous mourir, quand je dis tous, ce sont les gentils et moi. Et là, George Stone comme un Carl Lewis enragé surgit…

jette un flingue,

se jette

 

et puis il bloque,

Tu n’imagines même pas. »

Ou à défaut d’imaginer, aujourd’hui je te dirais clique sur ce lien-là. Mais en fait, tu l’aurais déjà fait… et pour moi, pour raconter des histoires, il me resterait plus que mes Lego et mes bonhommes en papier. On pourrait croire qu’avoir eu le temps de lire Première, d’avoir lu et entendu toutes les critiques, d’avoir vu le plus d’extraits possibles, de connaître mille six cent deux références, ça tue le commerce. Que nenni, s’il est bon.

24 réflexions sur “« Et vous savez pourquoi ? Parce que ça tue le commerce. » – Robert Al de Niro Capone

  1. J’aime quand tu racontes les histoires, Papounet.
    A chaque fois que tu parles d’un film, je me dis qu’il serait temps que j’apprenne à les regarder.

  2. J’avoue ne plus me souvenir du film que j’ai également vu à sa sortie en salle. J’en voyais tellement à cette époque, que je m’en faisait au moins un ou deux par semaines.

  3. Il y a toujours beaucoup de poésie dans tes textes et un peu de mélancolie aujourd’hui. J’aime!
    Certes avec la carte UGC et mes tickets Utopia j’ai un peu l’impression d’être un rouleau compresseur côté films mais, aujourd’hui, on a aussi accès à tout un tas de réalisations et parfois, on est encore surpris, ému, et on se dit qu’un bon film, ça marque de toute façon !

    • Je préfère mille fois avoir accès à un nombre incroyable de films, comme c’est mon cas maintenant, que de devoir attendre un film six mois le temps qu’il débarque à l’Eldorado (c’était le nom de la salle).

      Ce que je remarque aujourd’hui, et sans aucun regret, c’est que ce processus, cette impatience nourrie de recherches, de fouilles, de découvertes, cette volonté de vouloir reraconter et donc de regarder au mieux pour mieux retransmettre, à l’âge où on découvre des films de son choix, aura été une chance incroyable. Découvrir le cinéma dans un magazine à deux balles (parce que sincèrement Première c’était la naissance du grand n’importe quoi n’importe comment), dans des encyclopédies, c’est comme découvrir l’astronomie, ne pas toucher les étoiles du doigt et s’échafauder des théories rocambolesques.

  4. Tous ceux qui arrivent en gare de Libourne et ne voient que la gare de Libourne te remercient de leur offrir des poussettes en détresse.

    • Juste après la gare de Libourne, si tu vas vers le sud, il y a le cimetière de Libourne, puis Libourne vue de la Dordogne, ça vaut plein de poussettes…

  5. bien le bonjour, monsieur imgar.

    vous êtes devenu, au fil du temps, ma plus belle lecture sur cette drôle de machine. j’apprécie.

    paix sur votre route.

    ps: moi j’habite à histoire, si un jour vous y passez, je vous offre un café.

  6. C’est juste beau.

    Je crois bien ne l’avoir vu qu’une fois ce film, et je dois dire qu’il ne m’avait pas marqué spécialement.

    « Carlito’s way » est bien plus beau et poétique, sans doute à cause de l’absence d’happy end.

    • Plus beau… je n’irai pas jusque là… Carlito’s Way a une autre esthétique, disco, latine, très fania all-stars… et Sean Penn une coupe digne de Stéphane Bern. On peut difficilement comparer la disco latine touch new-yorkaise très funky de l’Impasse, et l’absence de vie des Incorruptibles… parce que dans les Incorruptibles à part Capone personne n’a de vie sociale et ne se promène. Autant dans l’Impasse on s’amuse et se drogue, on boit et on baise, autant les Incorruptibles sont incorruptibles.

      Si dans l’Impasse les occasions de sortir et de colorer les scènes sont nombreuses, dans les Incorruptibles elles sont rares, mais techniquement magnifiées (magnifiées c’est mon avis, on pourra donc dire soignées). Ce qui donne l’hôtel de Capone, Capone à l’opéra, Ness qui fouille les poches de Nitty dans le hall du palais de justice en contre-plongée. La contre-plongée et la plongée justement ne cessent dans les Incorruptibles de marquer les passages de Capone : premier plan, il se fait raser, vu de haut, avec sa cour de reporters et un dallage au sol qui rend le tout comme un tableau… la même plongée pour assister au résultat tout plein de sang de sa furie à la batte de base-ball… Des coups de caméra comme ça, il n’y en a pas dans Carlito’s Way… du coup je ne suis pas sûr qu’il soit aussi beau et poétique…

      Quant à la fin de l’Impasse, elle est plaisante oui. Et personnellement, c’est elle qui rend le film splendide et me fait écrire quelque part que c’est à mon avis la rare fois où De Palma retrouvera le niveau des Incorruptibles (là encore c’est un avis personnel, et ce serait mentir de dire que je n’ai pas eu un petit frisson à la fin de Mission to Mars alors que je m’étais gravement ennuyé tout du long, et que Cassualties of War vaut le déplacement…), déjà parce qu’il y a cette scène d’escalator à la gare : le pendant de la scène de la gare des Incorruptibles ! Quant à la fin même (et j’essayerai de ne pas faire de spoiler…) parce qu’elle est le début du film, mais parce que jusqu’à l’antépénultième minute sa raison d’être nous échappe, elle marque peut-être la plus belle forme de déterminisme raconté par le cinéma.

      Les Incorruptibles étaient dans une toute autre optique. Ce film posait une question sur les choix moraux. On ne peut pas être candide pour chasser le gangster, c’est une chose. Mais doit-on pour autant être un criminel ? Et la réponse est dans le dernier dialogue, et était dans le premier.

      Dans le premier, Capone explique que c’est la loi qui a fait de lui un gangster, parce que les gens ont besoin de boire, et qu’il répond à une attente. Dans le dernier, Ness annonce que dès que l’abolition de la prohibition sera prononcée, il ira boire un verre. Boucle bouclée : gangster, justicier, c’est pareil quand la loi c’est de la merde. Les Incorruptibles quand on y regarde bien n’ont pas vraiment de happy end… déjà parce qu’il ne se passe plus rien une fois la fin du procès, et que ça dure encore 8 minutes !

      Bon, je sais plus où je voulais en venir.

  7. il y a un truc à méditer quand mème dans tout ça , une fois qu’on a apprécié ta prose : c’est que si les voyages forment la jeunesse, l’ennui développe l’imagination.

    Est-ce à cause de Costner ? je ne sais pas, mais en tout cas tout le film m’a semblé « téléphoné » et prétentieux dans son écriture. Un manque de culture classique chez moi sans doute, parce qu’à te lire j’ai perçu la tentative qu’il contient de se situer dans une tradition épique, que les thèmes abordés justifient.
    La violence de la justice contre l’ordre injuste, la tragédie vécue par les individus dépendants d’un ordre traditionnel inique, la psycho rigidité obsessionnelle nécessaire des individus quand ils doivent s’y opposer… et tant d’autres.
    Mais encore une fois si les thèmes abordés sont riches et puissant la réalisation m’a semblé être restée un peu trop superficielle et facile. Comme le jeu de Costner.

    • La prétention n’est pas forcément un facteur rédhibitoire. (Heureusement pour Tarantino) Je crois que De Palma se trouve face à une gageure quand il accepte de reprendre une série TV mythique. Au milieu des années 80, ce n’est pas encore aussi courant qu’aujourd’hui. Dans l’industrie où il bosse, on ne lui pardonnera pas un troisième échec consécutif (avant les Incorruptibles et suite à Scarface, Body Double et Mafia Salad ont été des bides), il reprend donc une recette qui a fonctionné avec Scarface, un remake grandiloquent, un jeune scénariste prometteur pas assez connu encore pour lui faire de l’ombre ou lui imposer jusqu’aux virgules (Oliver Stone sur Scarface, et David Mamet sur Les Incorruptibles), une éxagération de la dualité bien/mal, avec un parti pris absolu pour le mal, et une bonne scène d’escalier.

      Réalisation superficielle et prétentieuse, je te l’accorde. Il fallait de l’hémoglobine, retrouver le rythme de Scarface. Et pour le choix de Costner… je le trouve judicieux. Ness devait être virginal… pas jeune et inexpérimenté (Andy Garcia est jeune et inexpérimenté, mais fougueux… on le sent en lien avec la réalité et la violence de son environnement, ne serait-ce parce qu’il se fait appeler George Stone quand son vrai nom est Giuseppe Petri)… et si tu reprends bien toute la carrière de Costner tu remarqueras que tous ses succès reposent (à l’exception unique de Robin des Bois, mais n’importe qui aurait pu interpréter ce Robin des Bois) sur sa candeur.

      Avant les Incorruptibles il a été un cowboy foufou dans Silverado et… pas grand chose d’autre. Il est gentillet comme garçon, et quand il s’énerve on y croit pas trop (Frank Nitty n’y croit d’ailleurs pas quand il le balance de l’immeuble), quand il s’énerve dans l’hôtel, ça sonne faux, le seul fait qu’il ne cogne pas par erreur sean Connery qui se ramène dans son dos en est la preuve. Si on reprend ses participations à des films qui ont été des succès, on a Bodyguard, où sa candeur gniagniagnesque lui permet de faire l’opposé du monde de Whitney Houston, Danse avec les loups, où parce qu’il est gniagniagnesque il peut s’intégrer dans un monde qui lui est étranger, et… c’est tout. Hormis Robin des Bois il n’aura tiré aucun film sur ses épaules jusqu’au succès. Il aura parfois eu quelques bonnes compositions (mais on doute que ce soit de la composition chez lui), comme dans Un Monde Parfait (en gentil criminel qui nous fait tous pleurer), Open Range (en gentil cowboy qu’ils n’auraient pas du énerver)…

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