« Que j’aime ta couleur café » – Serge Gainsbourg


Je me suis endormi hier soir en feuilletant des pages de Kafka sur le rivage.
Deux ans que j’attends de le lire, lentement, quelques mots avant de dormir, ou quelques pages affalé sur mon canapé. Ça doit faire deux ans et demi que j’ai découvert Haruki Murakami par hasard, et que je lis petit à petit toute son œuvre. J’ai longtemps attendu avant d’ouvrir Kafka sur le rivage, parce que j’en attends beaucoup justement. Je ne sais pas trop ce qui va en ressortir, mais c’est un livre que je commence avec beaucoup d’espoir, avec une impatience feutrée. Un jour ou l’autre, Haruki Murakami sera « revisité » par ces pages. Mais pas aujourd’hui. Si ce n’est qu’en mettant mes idées en ordre pour cet article, un ordre toute relatif, légèrement bordélique, dépareillé, cousu d’une pièce à l’autre avec du fil blanc, je me suis rappelé qu’hier soir, au moment où Kafka rencontre Sakura, il est question de confiture de fraises.

« Elle prend un autre sandwich. En fait, deux tranches de pain de mie fourrées de confiture de fraises. Elle fronce les sourcils, comme si elle n’en croyait pas ses yeux.

– Dis, tu n’en veux pas ? Moi, la confiture de fraises, c’est ce que je déteste le plus au monde, depuis que je suis toute petite.

J’accepte volontiers. Moi, j’aime bien ça, la confiture de fraises. »

Je n’ai pas aimé la confiture avant de devenir adulte et de me débarrasser de certaines de mes répulsions enfantines : les petits grains des fraises, les petits morceaux de fruits qui troublent les consistances, le mélange du rouge et du jaune sur la tartine. J’ai aussi appris à boire de l’Orangina, dont la pulpe m’avait rebuté pendant de longues années, déjà que les bulles, elles, je les appréciais mieux depuis mes quatorze quinze ans, redécouverte du Pepsi oblige. Je n’ai pas changé du tout au tout, je ne supporte toujours pas la crème dans mon lait, encore moins les miettes, la pellicule supérieure des flans, les jus de fruits épais sauf s’il s’agit de jus de tomates, le sableux des poires et le filandreux des brugnons et autres pêches, alors que j’en adore les goûts, les ersatz industriels dans la gomme à mâcher. La confiture de fraises, c’est ce que j’ai détesté, entre autres et avec beaucoup d’autres choses, le plus au monde, depuis que j’étais tout petit.

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