« Que j’aime ta couleur café » – Serge Gainsbourg


Je me suis endormi hier soir en feuilletant des pages de Kafka sur le rivage.
Deux ans que j’attends de le lire, lentement, quelques mots avant de dormir, ou quelques pages affalé sur mon canapé. Ça doit faire deux ans et demi que j’ai découvert Haruki Murakami par hasard, et que je lis petit à petit toute son œuvre. J’ai longtemps attendu avant d’ouvrir Kafka sur le rivage, parce que j’en attends beaucoup justement. Je ne sais pas trop ce qui va en ressortir, mais c’est un livre que je commence avec beaucoup d’espoir, avec une impatience feutrée. Un jour ou l’autre, Haruki Murakami sera « revisité » par ces pages. Mais pas aujourd’hui. Si ce n’est qu’en mettant mes idées en ordre pour cet article, un ordre toute relatif, légèrement bordélique, dépareillé, cousu d’une pièce à l’autre avec du fil blanc, je me suis rappelé qu’hier soir, au moment où Kafka rencontre Sakura, il est question de confiture de fraises.

« Elle prend un autre sandwich. En fait, deux tranches de pain de mie fourrées de confiture de fraises. Elle fronce les sourcils, comme si elle n’en croyait pas ses yeux.

– Dis, tu n’en veux pas ? Moi, la confiture de fraises, c’est ce que je déteste le plus au monde, depuis que je suis toute petite.

J’accepte volontiers. Moi, j’aime bien ça, la confiture de fraises. »

Je n’ai pas aimé la confiture avant de devenir adulte et de me débarrasser de certaines de mes répulsions enfantines : les petits grains des fraises, les petits morceaux de fruits qui troublent les consistances, le mélange du rouge et du jaune sur la tartine. J’ai aussi appris à boire de l’Orangina, dont la pulpe m’avait rebuté pendant de longues années, déjà que les bulles, elles, je les appréciais mieux depuis mes quatorze quinze ans, redécouverte du Pepsi oblige. Je n’ai pas changé du tout au tout, je ne supporte toujours pas la crème dans mon lait, encore moins les miettes, la pellicule supérieure des flans, les jus de fruits épais sauf s’il s’agit de jus de tomates, le sableux des poires et le filandreux des brugnons et autres pêches, alors que j’en adore les goûts, les ersatz industriels dans la gomme à mâcher. La confiture de fraises, c’est ce que j’ai détesté, entre autres et avec beaucoup d’autres choses, le plus au monde, depuis que j’étais tout petit.

Pourtant ce matin, je me suis fait couler un Earl Grey, et j’ai tartiné allègrement sur de la demi-baguette du beurre salé et de la confiture de fraises. Je ne vais pas jusqu’à faire des mouillettes : je ne supporte toujours pas le pain trempé – sauf quand par miracle il se transforme en pudding ou en boudin antillais – cette sensation de biscuit ramolli m’insupporte et je m’interdis encore les cornets de glace et les éclairs au chocolat. Earl Grey et tartines à la confiture de fraises, j’ai pensé que ça ne valait pas un café et un croissant, puis par un dédale d’idées dont aucun architecte n’a le secret, je me suis mis à rêver à ce fameux fumeux café et son croissant et donc aux Danses Povlotsiennes du Prince Igor. J’ai complètement oublié ce sur quoi j’aurais aimé écrire aujourd’hui. J’étais déjà ailleurs. Entre Vienne et la rue de Verneuil.

Un jour que j’avais fait lire à un gars un de mes écrits, quelque chose de ridicule, avec une méchante Reine, et un spadassin prénommé Chrysanthème, il s’était contenté de dire que ça faisait très Gainsbourg. Je ne voyais pas trop où il voulait en venir, ni même s’il voulait quelque chose. Peut-être avait-il pensé que ça me ferait plaisir d’entendre ça, sûrement qu’il lorgnait sur mon intégrale posée comme un trophée à côté de mon poste électroluminescent et pétaradant. Je relus plusieurs fois le texte, cherchant dans le rythme, les double-sens, la provocation autodestructrice de mon héros, un mercenaire de Toussaint dans un conte de fées inadapté aux enfants, la moindre trace de Serge.

N’importe quoi peut faire très Serge Gainsbourg. Et ce, pour de multiples raisons. Parce que ceux qui en sont fans, verront des apparitions de lui à chaque coin de rue, comme une Vierge en quête de niche. Parce qu’il a eu, vu de l’extérieur, une vie de touche-à-tout, très parisienne sûrement, mais cosmopolite, riche, classée par « périodes ». Une de ces vies qui en ferait presqu’un héros, à l’image du héros de biopic de Joann Sfar, une connaissance de Corto Maltese, si Corto Maltese avait tenu jusque là, où était revenu de Mu par un couloir parallèle, un deux ex machina quantique hugoprattique.

On peut trouver du Gainsbourg n’importe où quand on le recherche n’importe comment. Prenez l’article précédent par exemple. Alors que Klaus Nomi mariait du Purcell et des séquences pop-Bontempi, le chansonnier à la Gitane collait un Babe Alone in Babylone sur le troisième mouvement de la IIIème de Brahms. En matière de graffiti, la façade de sa maison à Saint-Germain est comme une toile pour taggueurs amateurs. La chanson du Chevalier Blanc que Gérard Lanvin décline sur tous les tons, y compris le mode castrat, aurait pu aisément être le refrain récurrent d’un semi-opéra. Enfin, de cette souffrance surjouée de l’artiste insatisfait qui se plait à prétendre qu’il n’a malheureusement réussi que par l’intermédiaire d’un art mineur, alors que son rêve était d’évoluer au sein d’œuvres qui sans une initiation ne peuvent être appréciées, je ne peux que faire un parallèle évident : ma rencontre avec Benicio del Toro, dans une salle obscure à regarder Basquiat fut le rite initiatique qui me conduisit vers la peinture.

Je crois moi, si je peux me permettre un avis personnel, que si n’importe quoi peut faire très Serge Gainsbourg, c’est essentiellement parce que Serge Gainsbourg pouvait attirer à lui, mêler à son univers, ce que bon lui semblait. Dès lors qu’il s’approprie un « Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre… » pour en tirer un « Une nuit que j’étais à me morfondre, dans quelque pub anglais du cœur de Londres, parcourant l’Amour Monstre de Pauwels, me vint une vision dans l’eau de Seltz… » il y a assurément du Gainsbourg dans le Corbeau d’Edgar Allan Poe, de l’intertextualité à l’état brut, et un refrain de la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonín Dvořák en sus.

La diversité des styles de ses chansons, la multiplicité des atmosphères musicales et le nombre des influences  ne m’étonnent pas plus que ça. Gainsbourg n’a jamais cessé d’écrire de la même manière : derrière son piano, déjà quand il poinçonnait aux Lilas, jusqu’à ce qu’il finisse under arrest. Tout n’était après qu’une question d’arrangements et d’arrangeurs, les meilleurs du moment, du pianiste de jazz Alain Goraguer au guitariste Billy Rush, en passant par Michel Colombier, Jean-Claude Vannier, David Whitaker ou Sly & Robbie. Autant de noms qui ne vous disent peut-être pas grand-chose, mais sans lesquels The Verve n’aurait jamais trouvé de sample à piquer aux Rolling Stones pour écrire un Bittersweet Symphony, sans lesquels vous vous amuseriez moins sur le dancehall, et sans lesquels encore vous n’apprécieriez pas autant la poésie orchestrale de la Montagne de Jean Ferrat ou du Métèque de Georges Moustaki, qui seraient restées de belles balades à la guitare sèche et solitaire.

Ses premiers albums, Gainsbourg les a écrits en collaboration avec Alain Goraguer. Un bref coup d’œil sur la carrière de ce pianiste donne un tout autre sens au mot éclectisme. De Boris Vian dans les années cinquante à Abd El Malik en 2008, de la musique de la Planète Sauvage au générique de Gym Tonic de Véronique et Davina, Alain Goraguer a goûté à tous les styles, tous les instruments, tous les rythmes de ces soixante dernières années. Si ses collaborations sur les albums de Gainsbourg ne durent que six ans, elles touchent au jazz, au cabaret, à la guinguette, à l’accordéon, aux rythmes afro-cubains, elles se poursuivent dans la tendance yé-yé, puisque Goraguer arrangera les albums de France Gall ou de Brigitte Bardot.

Le dernier album de Gainsbourg à porter la signature d’Alain Goraguer est Gainsbourg Percussions en 1964. En douze pistes où les choristes s’égosillent, où les mélodies ont du mal à se dégager un chemin entre les broussailles de la section rythmique, où la contrebasse sert de coupe-coupe dans la jungle de peaux tendues pour laisser passer les textes de Sergio le nouveau découvreur de la Samba et du rythme nigérian, cette ultime prestation des deux musiciens est une offrande de pulsations, un hymne aux outremers du Brésil et d’Afrique Noire, dépouillé au possible des mélodies, s’appuyant au maximum sur la voix pour dégager du chahut et des cahots mesurés ce qu’un battement a à offrir : de l’ivresse.

C’est au milieu de cet album que se cache Couleur Café. Et si cette chanson a plus marqué l’Histoire que ses voisines du disque, la Pauvre Lola, Joanna ou Ces Petits Riens, c’est certainement parce qu’elle dispose du texte le plus ciselé du lot et qu’elle est la plus « Gainsbourg » à côté des onze autres : des jeux de mots éparpillés sans se forcer et une femme qui danse. On peut s’imaginer mille histoires autour d’une fille à la peau mate avec des bracelets qui se balancent à ses pieds, on peut juste y penser en prenant un café et se dire au milieu des volutes qui s’élèvent : « il y a du Gainsbourg là-dedans. » Mais il y a aussi du Kaldi qui passe par là avec ses chèvres.

Les chèvres de Kaldi sont les héroïnes malgré elles de la légendaire découverte du café. Alors qu’il menait son troupeau dans les hauteurs du Djebel Sabor, quelque part dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Algérie, Kaldi remarqua que certaines de ses chèvres étaient tout excitées d’avoir croqué dans les cerises amères d’un arbuste qui avait poussé là, on ne sait trop comment. Oui, parce que force est de constater que pour un arbuste qui ne poussait à l’origine qu’en Abyssinie, celui-ci était allé se perdre bien loin de chez lui, certainement le fruit des mésaventures d’un passager égaré au cœur du système digestif épars d’une oie dévoyée. C’est pourquoi, souvent, la même histoire fait état de Kaldi le berger du Yémen, ou de Kaldi le pâtre d’Ethiopie, ou de Kaldi l’homme aux biquettes des dunes. Les chèvres étant du genre à s’attaquer à tout ce qui est feuillu et mal armé en piquants, j’imagine aisément que Kaldi assis sur son rocher ne comprit pas tout de suite quelle plante était à l’origine de cet état de démence qui frappait les râleuses bêlantes. C’est d’ailleurs un grand bonheur pour tous les amateurs du cappuccino et autres cafés liégeois qu’il ne se contenta pas de sacrifier ses animaux atteints de gigue, en les imaginant possédés par un démon hyperactif. Peut-être qu’il n’avait tout simplement pas assez de chèvres pour se permettre le moindre sacrifice même celui d’une bête tarée et épileptique. Une fois qu’il fut certain que l’extrême passion des biquettes pour la transe était liée à ces petites cerises amères, il s’empressa de rapporter ses observations aux moines soufis qui vivaient plus bas dans la vallée. N’écoutant que leur courage, ces derniers n’hésitèrent pas à faire de la bouillie de ces graines, à les tester en décoction, ou tout bêtement à les mordre. Là encore, j’imagine qu’ils désignèrent un pauvre bougre, ou un bizut de la congrégation, mais toujours est-il qu’ils constatèrent qu’effectivement, la consommation de ce fruit empêchait les somnolences au cours des prières. La légende dit aussi que l’un des moines n’appréciant que peu le breuvage amer qu’on lui proposait, jeta sa décoction âcre au sol et les baies au feu : le fruit se mit alors à dégager des notes aromatiques nouvelles et inconnues, et c’est ainsi comme une symphonie entêtante la torréfaction était née. Kaldi était retourné vivre dans les contreforts du Djebel Sabor avec ses chèvres, et le café s’apprêtait à conquérir le monde, ses tasses et ses thermos. Le berger ne se doutait pas un instant qu’on parlerait encore de lui dans des centaines de légendes, qui le menait paître ses chèvres, là en Arabie, ici en Ethiopie ou sur le littoral yéménite, voire mille deux cent plus tard, par les paragraphes tortueux dessinées dans les volutes chorégraphiées et pas encore érotiques du café de Gainsbourg.

Evidemment, il existe d’autres contes et des faits qui contredisent les aventures de Kaldi et des biquettes en transe. Des légendes apocryphes sur Mahomet racontent qu’un jour où le prophète de l’Islam était particulièrement en petite forme, l’ange Gabriel vint lui rendre visite avec un breuvage chaud et noirâtre. Vite requinqué, il aurait désarçonné ce jour-là quarante cavaliers en armes avant de satisfaire quarante femmes. Mahomet fut alors bien inspiré de nommer la boisson divine « qa’wah », le revigorant. D’autres histoires parlent d’un vieux pèlerin arabe à la limite de défaillir en parcourant le désert. Ce dernier à bout de forces planta son bâton de marche dans le sol. La vieille branche fleurit et se couvrit de baies rouges qui rendirent au vieil homme ses jambes de vingt ans et tout son entrain.

Les Experts, non pas ceux de Miami ou de Las Vegas, mais les spécialistes des écoles d’archéologie après avoir observé des restes humains et des fossiles d’excréments retrouvés dans la Corne de l’Afrique sont arrivés à la conclusion que le café était consommé près de mille ans avant notre ère. Ecrasé et mélangé à des graisses animales, il était alors un constituant de repas frugal plus que l’ingrédient principal d’une boisson. La torréfaction serait elle aussi née dans l’actuelle Ethiopie, lorsqu’un incendie de forêt révéla l’odeur subtile qui s’échappe aujourd’hui encore dans les zones industrielles du Havre, près des usines Legal, quand les machines à torréfier le café débarqué de tous les coins du monde expirent sur les grains de l’air chaud sans jamais s’essouffler. Jusqu’au XVème siècle seul le Yémen produisait du café, protégeant jalousement ses plantations sur son sol, et de l’autre côté de la mer, en Abyssinie, ou a priori les caféiers poussaient à l’état sauvage. Des caravanes, des navires, des cavaliers partaient tous les jours depuis Moka qui se targuait alors d’être l’un des plus grands ports d’Arabie, alors qu’aujourd’hui elle n’apparait même plus sur les cartes simples du Yémen. Dans l’empire Ottoman on l’appelle alors « qahvé ». Il deviendra « caffé » à Venise où on en boit dès le début du XVIIème siècle dans des échoppes spécialement ouvertes à cet effet. Il se francisera en « café », s’anglicisera en « coffee ». Par le perpétuel impact des langues les unes sur les autres, le terme de « kawa » ne reviendra qu’après la colonisation de l’Algérie d’où les soldats français le ramèneront avec des mots comme clebs, caïd, toubib, chouïa ou fissa.

Le XVIème siècle voit l’Europe découvrir de nouvelles saveurs. Elles sont essentiellement alimentaires, mais les boissons ne sont pas en reste. Le chocolat au lait fait un tabac en Espagne dès 1528, l’infusion des feuilles de thé conquiert les capitales européennes et la noblesse dès la fin du siècle. Le café ne s’impose que bien plus tard, désavantagé par sa couleur et son appartenance à la culture musulmane. Des religieux italiens tentent de le faire interdire, persuadé qu’il est puisé aux sources mêmes des fleuves du Diable, bien heureusement le Pape Clément VIII après en avoir goûté une gorgée décide de le baptiser !

Si l’exportation des fruits, légumes et épices des Amériques est une formalité, les délocalisations des plantes des Proche et Moyen Orients sont de véritables aventures d’espionnage ! Ajoutez-y des drames écologiques et sociaux et ils feraient passer les conséquences de la mondialisation du XXIème siècle pour des pleurnicheries de pacotille. Aux Moluques par exemple, les Hollandais de la Compagnie des Indes Orientales font arracher tous les girofliers contre un paiement en verroterie aux souverains locaux, pour disposer des seuls champs du monde à Zanzibar. Le poivre, les textiles imprimés de l’Inde, les soieries du Bengale, le thé sont autant de marchandises pour lesquelles des aventuriers au péril de leurs vies se lancent dans des missions suicides à dos de chameaux, le doigt sur la gâchette du mousquet.

C’est un pèlerin musulman, Baba Budhan qui le premier arrive à voler des plants de caféiers en profitant de son voyage à la Mecque. Bien avant lui, de nombreux intrépides avaient tenté ce pari, pour finir noyés, écartelés, plantés là avec les arbustes volés, torréfiés, bouillus et foutus, échaudés, lapidés, ou disparus sans laisser d’adresse. Baba Budhan les ramènera jusqu’en Inde, où leurs descendants poussent encore. Rapidement Ceylan sous le contrôle de la Compagnie des Indes Orientales se spécialise dans la monoculture des graines du breuvage noir. En 1678, Louis XIV peu friand de café se voit offrir deux arbustes par l’ambassadeur des Ottomans, deux arbres qui mourront, car on ne sait pas encore comment les conserver en Europe. En 1714 c’est le bourgmestre d’Amsterdam qui pour remercier les Français de leur guerre passée contre les Espagnols, offre à son tour un caféier au Roi Soleil. Depuis 1710, les Hollandais usent des serres et savent même faire se reproduire cet arbre sous les climats européens. Premiers producteurs mondiaux, ayant recouvert Java, Sumatra et les Philippines de ces plants, ils tentent difficilement de l’introduire au Surinam. L’arbre offert à Louis XIV se plait bien dans les serres de Marly-le-Roi. Mieux, en quatre ans, les jardiniers royaux en obtiennent un autre. Il est confié au médecin botaniste Monsieur d’Isembert pour qu’il le plante en Martinique lors de son prochain voyage. L’expérience tourne court car Monsieur d’Isembert ne peut s’empêcher de succomber à une fièvre jaune, six jours après son arrivée, sans avoir eu ni le temps de planter le caféier, ni l’occasion d’expliquer à quelqu’un d’autre combien cette plante était primordiale. Sept ans plus tard, alors qu’il y a maintenant quatre caféiers dans les serres royales, Monsieur de Clieux un capitaine d’infanterie se voit remettre deux de ces quatre arbres. Après un voyage plus long que prévu, le capitaine se retrouvant obligé de partager ses rations d’eau avec les caféiers, l’un d’eux mourant au court du périple, le dernier est planté au nord de la Martinique. En moins d’une dizaine d’années, les plantations de caféiers détrônent celles de cacaoyers. D’un unique arbuste qui avait assoiffé un militaire le long d’une transatlantique, la Guadeloupe, puis Saint-Domingue se recouvrent à leur tour de caféiers. A l’aube de la Révolution, Saint-Domingue produit plus de la moitié du café mondial. Non sans causer des désastres irréparables : le défrichement des terres en hauteur fait encore aujourd’hui d’Haïti un pays instable en terme de gestion de l’écoulement des eaux et victime d’éboulements meurtriers au premier cyclone venu ; à cela s’ajoute une explosion des chiffres de la traitre négrière qui fait qu’aujourd’hui encore, les anciennes colonies françaises des Antilles connaissent une densité sans pareille comparées à leurs voisines.

La Guyane n’est pas en reste. Si les plants venus de Martinique n’ont jamais pris sur le continent, le gouverneur de Cayenne ne s’est pas interdit d’aller récupérer ni vu ni connu, quelques arbustes au Surinam hollandais voisin. Bien mal acquis ne profitant que trop peu, ou trop à ses affaires et pas assez à son foyer, la femme du même gouverneur succombe aux charmes d’un lieutenant portugais et lui offre des graines de café que ce dernier ramènera au Brésil.

L’Île Bourbon – la future Réunion – produit encore aujourd’hui l’un des cafés les plus prisés du monde : le Bourbon Pointu. Les plants originels de cette variété venaient directement de Moka, où les Français organisèrent plusieurs expéditions guerrières, renversèrent quelques sultans au profit d’autres plus conciliants pour se faire offrir des arbres exceptionnels. En 1704, il y avait moins de sept cent cinquante colons à l’Île Bourbon, le développement des plantations de café fait grimper la population à 17000 habitants avant la moitié du siècle. Mille cinq cents esclaves supplémentaires arriveront chaque année pendant encore près d’un siècle pour maintenir les exploitations.

Les Espagnols réussissent à faire prendre les caféiers en Colombie. Plutôt que faire réciter des Ave Maria aux repentants à confesse, les prêtres sont encouragés à faire les pénitents planter des caféiers. La Colombie n’étant pas le pays le plus angélique du monde, déjà à l’époque, cette histoire illustre à quelle vitesse les terres se recouvrent de plantations. Mais comme ailleurs, l’esclavage s’intensifie. Au Brésil, en Jamaïque, puis bien plus tard au Kenya avec les Britanniques après l’abolition de l’esclavage mais avec le secours des populations débarquées de l’Inde, le café se renverse sur le monde, avec ses senteurs de main d’œuvre docile et servile, ses arômes de reconfiguration des paysages, son amertume. Plus encore que le sucre qui ne réclame des bras qu’à l’heure de la récolte où ses feuilles coupent au plus profond des chairs, plus encore que le coton et cette espèce d’image d’Epinal hollywoodienne des champs parcourus de petites fleurs filandreuses blanches où on chante le gospel pour faire passer le temps et la misère, le café qu’il faut choyer, protéger des insectes, irriguer, planter sur des surfaces gigantesques, nécessite plus d’hommes qu’aucune production agricole n’en a jamais exigé. Et pour mille paires de bras supplémentaires débarquées aux Amériques, combien meurent en chemin, entre Gorée et Port-au-Prince, Belém, Kingston ou Recife ?

On découvre par hasard au Congo Belge une autre espèce de café, le Robusta, plus robuste comme son nom l’indique, plus fort en caféine, plus résistant aux parasites. Nous sommes dans la deuxième moitié du XIXème siècle, et sa culture révolutionne la production, influe sur une baisse des prix, et démocratise le café dans toutes les populations du monde. En 1906, le Brésil qui s’était hissé au rang de premier producteur mondial depuis près d’un siècle se retrouve confronté au phénomène de surproduction, du jamais vu dans l’Histoire économique ! C’est le premier exemple d’envergure des limites des théories économiques libérales : contrairement aux affirmations d’un Pareto, un pays ne peut se contenter d’une production unique, même s’il s’agit d’écraser les marchés mondiaux. Pire l’Etat doit intervenir dans les projets des entrepreneurs ! Il oblige, parfois manu militari, le ralentissement de la production. La crise économique mondiale de 1929 obligera le gouvernement brésilien à racheter le café du pays pour maintenir les prix, tout en plombant les budgets publics et en délaissant l’éducation, les transports et les autres modes de développement. Le café brésilien servira alors de combustible, pauvre ersatz de charbon cultivé à l’air libre.

Mais le café ce n’est pas qu’une boisson, pas qu’un fruit à torréfier. Hasard de la langue, en France, en Angleterre, en Italie, le même mot désigne aussi bien la boisson que les échoppes, les lieux de rencontres. Ce qui distingue rapidement le café des boissons alcoolisées, les seuls autres breuvages qui se boivent en réunion, c’est qu’il affine les esprits et rend plus vivaces les conversations. Ce constat se tenait dès le XVème siècle en Arabie, quand les haltes où boire le café, autour d’un jeu d’échecs, dans les caravansérails, aux abords des restaurants et des places publiques se multiplient. Ils s’imposent en Europe d’abord dans les ports de commerce, Venise, Gênes, Barcelone, Marseille. Prendre le café dans un salon public s’inscrit comme un art de vivre, voire un art de l’esprit. Le premier café parisien est ouvert par un Arménien du nom de Pascal vers 1670. Quinze ans plus tard, ce cafetier migrera à Londres ouvrir ce qu’on appellerait aujourd’hui quelques franchises. L’un de ses garçons, Francesco Procopio dei Coltelli sera le fondateur du Procope, rue de l’Ancienne Comédie, le café littéraire qui verra défiler Voltaire, Condorcet ou Rousseau, où Diderot planchera sur des articles de l’Encyclopédie et Benjamin Franklin sur des passages de la Constitution Américaine. Pendant la Révolution, les Cordeliers, Danton et Marat en font un lieu de réunion, puis les Jacobins de Robespierre.

J’aime à imaginer que Voltaire prenait son café sans sucre. Car quand Candide et Cacambo revenant de l’Eldorado chargés de trésor portés par des moutons qui s’en vont tous mourir plus crétinement les uns après les autres tandis que le héros grave ses initiales et celles de Cunégonde sur tous les troncs d’Amazonie, ils croisent ce vieux nègre du Surinam, à qui il manque un bras et une jambe, et qui l’accepte en toute philosophie : « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». C’est à ce prix qu’il y avait plus de trois mille cafés à Paris à la fin du siècle des Lumières, trois mille cafés pour des millions de tasses où se vivifiait l’esprit de la liberté et des grandes idées.

Il y a déjà en 1700, près de deux mille maisons de café à Londres. Trente ans auparavant, le Roi Charles II avait bien tenté de les faire fermer, les tenant pour des lieux de réunion de fauteurs de trouble voire pire, de démocrates ! ce qu’ils étaient d’ailleurs. En vain ! Les édits royaux n’y font rien, voire attisent la grogne générale. Les cafés se multiplient et concurrencent les tavernes. Dans toute l’Europe c’est la contagion, les machines à percoler l’eau s’inventent, les hommes se réunissent autour de cartes à jouer, des échecs ou des dames, des débats politiques, des idées philosophiques.

Mais je m’égare un peu. J’ai dit plus haut – il y a de cela si longtemps maintenant – que j’étais entre Vienne et la rue de Verneuil. J’ai été un peu partout dans mes divagations et toujours pas à Vienne. Les cafés autrichiens prirent du temps à se développer. Non pas que l’Autriche soit la contrée la plus éloignée des autres, mais que le café était une boisson des Infidèles, et que les Infidèles les Autrichiens en avaient particulièrement soupé, si vous me passez l’expression. Pourtant, au même titre que les cafés italiens – du caffè ristretto au miniveneziano en passant par le cappuccino, le macchiatone, l’americano ou le caffè alla Nutella – ou que les cafés belges – le liégeois en tête – les cafés viennois bénéficient d’un large éventail de présentations, de mélanges et de saveurs, toutes accompagnées dans l’imaginaire du touriste vagabond d’un cérémonial précis. Il existe diverses façons de boire le café à Vienne, mais elles demandent bien moins de cérémonials qu’un bal de débutantes, fort heureusement. Le schwarzer est le café noir simple, le plus viennois par son nom le wiener eiskaffee est un café liégeois agrémenté de glace à la vanille. D’autres mélanges se distinguent tel que le Kaisermelange où un jaune d’œuf et du cognac viennent baigner dans le café, ou l’überstürzter Neumann, une coupe de Chantilly sur laquelle on renverse un double moka. Le café s’est imposé à Vienne en 1779, après que l’alcool fut fortement taxé. Jusque là, même si de notables maisons de café existaient, le café avait conservé cette note ottomane insupportable, malgré qu’un Franz Georg Kolschitzy ait pu avoir l’idée – entre autres idées – d’y rajouter une goutte de lait, voire une bonne grosse larme de crème. De toutes les façons, ce serait bien réducteur de réduire ce pauvre Franz à l’invention du café au lait.

La première maison de café viennoise s’appela la « Zur blauben Flasche », la Bouteille Bleue. Luxueusement parée on la trouvait rue du Dôme à l’ombre de la cathédrale. Et s’il n’en reste plus rien aujourd’hui, c’est peut-être tout simplement parce qu’elle n’a jamais existé ! Mais entendons-nous bien, ce n’est pas parce qu’elle n’aurait jamais existé que je vais me mettre à utiliser le conditionnel et autres tortures conjuguées. Les chèvres de Kaldi n’ont jamais rien brouté de comestible dans le Djebel Sabor, a priori Kaldi ne s’est jamais appelé Kaldi mais était un petit gamin Masaï qui courrait après les chèvres de son père, et peut-être qu’elles bouffaient n’importe quoi comme la première chèvre venue au beau milieu d’un Jardiland. Corto Maltese n’a jamais rencontré Gainsbourg, mais Butch Cassidy dans Tango, ce qui laisserait croire que Paul Newman fait semblant à la fin du film et évite toutes les balles de l’armée bolivienne, alors que Robert Redford finit comme une passoire. Mais alors ? Qu’importe ! La Zur Blauben Flasche n’ouvrit qu’après le siège de Vienne de l’été 1683 et fut fondée par un homme qui avait tout pour être lui aussi une connaissance de Corto Maltese : le fameux Franz Georg Kolschitzy, un jeune noble polonais qui fut marchand, espion, diplomate, galant homme, inventeur légendaire du café crème et du croissant, beau parleur, interprète et joueur de cartes. Mais quand le décor de l’Histoire se plante, tout son pédigrée n’a que peu d’importance.

Le bataille de Vienne en 1683 marque un tournant dans l’Histoire. Au cours des affrontements entre Chrétiens et Musulmans sur le territoire est-européen, ce siège  de la capitale autrichienne est ce que Stalingrad représente pour la Seconde Guerre Mondiale, le moment où tout se renverse indéniablement. Depuis la fin du XIVème siècle et la sévère raclée de Nicopolis qui marqua l’installation des Ottomans dans les Balkans, et au cours de laquelle l’ensemble des nations européennes coalisées mirent un genou à terre, la menace turque ne cessa de planer sur les terres slaves. C’était carrément la psychose pour parler franchement.  Vienne fut assiégée une première fois en 1529, par Soliman le Magnifique en personne qui en moins d’une dizaine d’années s’était emparé de ce que nous dénommerons les pays de l’ex-Yougoslavie, mais aussi de Rhodes et de la Hongrie. La météo capricieuse, une guerre de tranchée surprise dévoilée trop vite et l’usage de bombes artisanales par les Viennois eurent raison des rêves d’expansion de Soliman.

A l’aube de l’été 1683, fort d’une armée de deux cent cinquante mille hommes le Grand Vizir Kara Mustafa fonce sur Vienne. Le 14 juillet, il encercle la ville. Ses remparts la rendent imprenable, mais contrairement à son auguste aîné, Kara Mustafa assiège Vienne pendant les beaux jours, et dispose d’une logistique importante depuis les provinces voisines de Hongrie. Deux nobles se lèvent pour soutenir les Viennois : le Duc sans Duché Charles II de Lorraine, et le Roi de la République des deux Nations le Polonais Jean III. Ils ne sont à la tête que de soixante-dix mille hommes, mais plein de témérité, ils attendent le 15 août pour partir sous la protection de la Sainte Vierge. Le Grand Vizir ne se soucie même pas de leur arrivée : soixante-dix mille hommes ! quelle blague.

Des toits de Vienne, la situation n’est pas désespérée. En prenant de la hauteur, des faiblesses évidentes apparaissent dans l’organisation turque. Les troupes sont éparpillées de manière à faire tomber les murs, par un travail de sape, lent et méticuleux, mais nullement disposées à réagir à des attaques ciblées contre sa cavalerie ou son réseau d’intendance. Encore faut-il prévenir le Duc sans Duché et le Roi de la République des deux Nations.

Les pigeons messagers n’ont jamais délivré les messages que dans un seul sens. Qui plus est, les archers ottomans n’hésitent pas à descendre le moindre volatile suspect. Le tam-tam est encore peu en usage en Vienne. Quant aux messages de fumée, ils ne sont bien maîtrisés qu’au fin fond de l’Amérique du Nord. Chaque soir, le comte Ernst Rudiger Starhemberg, commandant de la garnison de la ville, envoyait des messagers à destination des alliés. Quand l’aube pointait, on les retrouvait tous face aux portes de la ville : décapités, démembrés ou mourants.

Vienne s’apprête à tomber quand Franz Georg Kolschitzy propose ses services. Ce fils de la noblesse polonaise a parcouru le monde. Négociant à Vienne, il a travaillé dans le commerce à Venise, Belgrade, Istanbul. Interprète, financier, banquier, aventurier, il pense pouvoir duper la vigilance des Ottomans par sa maîtrise d’une demi-douzaine de dialectes arabes. Vêtu de guenilles mais à la Turque, accompagné de son valet de toujours qui avait bien parcouru les ruelles sombres de l’Orient, ils traversent sans aucune peine tout le camp ottoman et rejoignent les hommes de Charles II de Lorraine. La stratégie viennoise peut alors s’appliquer : le 12 septembre 1683, en à peine trois heures, soixante-dix mille soldats allemands, autrichiens et polonais fondirent au cœur même des deux cent cinquante mille Ottomans, en tuant quinze mille (pour quatre mille pertes) mais provoquant une panique indescriptible au cours de laquelle l’armée orientale se répandit dans la campagne abandonnant ses armes, ses vivres, ses montures : plus de soixante mille têtes de chevaux, chameaux et moutons, des centaines de canons, assez de riz, huile, miel, blé pour que Vienne survive tout l’hiver, et cinq cents sacs de café. Ces graines étaient inconnues de la majorité, on pensa même qu’il s’agissait de la nourriture pour chameaux. A partir de ce jour, les troupes ottomanes ne cessèrent de reculer : la Libération était en marche.

Franz Georg Kolschitzy fut célébré en héros, et se vit remettre de hautes récompenses, dont les cinq cents sacs de café. C’est ainsi qu’il ouvrit son salon de café, le premier du genre à Vienne, la « Zur blauben Flasche ».

Mais il ne rencontra pas le succès… Le café était âcre, sombre et… turc. Il lui suffit alors d’y ajouter deux détails. En premier lieu une pointe de lait, puis une louche de crème, afin de donner une identité occidentale à ce breuvage, et dans un second temps il fit commander une pâtisserie de Vienne – autrement dit une viennoiserie – en forme de croissant, pour laisser à tout à chacun le plaisir d’engloutir le symbole turc. Voilà comment je me retrouve devant mon Earl Grey et ma tartine de confiture de fraises à rêver d’un café noir et d’un croissant.

Cette histoire a priori n’est qu’une légende. Qu’un Franz Georg Kolschitzy ait traversé les lignes turques pour remettre des plans à Charles II, semble véridique. Que ce dernier soit devenu le patron de tous les boulangers et cafetiers viennois est avéré, il l’est encore. Par contre, il n’aurait jamais eu le droit de récupérer les sacs de café, et encore moins de les torréfier et de tenir un salon. Ils furent certainement brûlés avec toutes les prises de guerre dont on ne savait que faire. Des traces d’un tel héros apparaissent dans de vagues registres, où l’on apprend qu’il louait une chambre dans un hôtel du nom de la Bouteille Bleue. Après comment les choses s’imbriquent pour se créer des fables là où les conclusions ne tiennent pas de la romance, c’est tout un processus qui échappe à tous les Kaldi et toutes les chèvres de la planète. Le même processus qui me fit un temps penser aux danses povlotsiennes, et dont les paysans en farandole s’éveilleront peut-être dans un prochain article, même s’il n’y a pas de Gainsbourg dedans, tout Russe soit-il.

21 réflexions sur “« Que j’aime ta couleur café » – Serge Gainsbourg

  1. Je suis trop fatiguè ce soir pour lire complêtement ton article. Je regarde et j’écoute des vieillards de toute l’Europe me donner une leçon de courage.

    Juste une réaction, j’avais lu l’histoire des chêvres et du café, il y a bien longtemps, dans okapi. Cela se passait au Yemen dans cette version.

    • C’est là tout l’écart entre nous deux… c’est dans Astrapi que je l’ai lue moi cette histoire pour la première fois, et les moines étaient… chrétiens. Je me rappelle bien de l’illustration des moines avec leurs tonsures.

      Je dois t’admettre que quand j’ai découvert quelques années après, les expéditions maritimes françaises en la Mer Rouge et autres guerres de course, j’étais particulièrement désorienté. Quant à la leçon de courage, je compte la regarder un jour prochain, maintenant qu’elle est bien calée dans mon disque dur.

  2. Heureusement que Kaldi ne s’est pas perdu de nos jours dans le désert de Sonora, ses biquettes seraient tombées sur un labo clandé de crystal meth et ç’aurait été catastrophique.

    Ou pas.

  3. Je ne sais pas si vous avez du Gainsbourg, mais ne laissez pas tomber le Maximgar en tous cas. Et ce avec ou sans confiture de fraise. 😉
    J’ai beaucoup aimé cette promenade dans l’histoire du café. 🙂

  4. Enfin tout lu. Le café comme symbole de l’histoire des symboles nord-sud, c’est bien vu. Tu pourrais en faire un livre.

    Il ne me semble pas que tu aies donné l’origine de la transformation du viennois en liégeois à l’occasion de la première guerre mondiale. A chaque fois que j’ai l’impression de pouvoir ajouter un élément, je le retrouves ensuite.

    Curieux que la Pologne ait sauvé Vienne en 1683 avant de disparaître un siècle plus tard, notamment du fait des Autrichiens.

    Ton souvenir de l’odeur du café au Havre me replonge en enfance. Quand au matin, en partant à l’école, l’odeur provenant de l’usine nescafê me faisait espérer une journée fraiche, mais ensoleillé.

  5. Je t’avais ecrit un assez long commentaire, mais je suis victime de la panne du reseau blackberry.

    Quand je disais que j’ai un fluide contre l’informatique…

  6. J’ai tout lu hier soir sur mon smartphone, tout en déambulant aux galeries Lafayette. Je t’ai répondu par le même mode, depuis mon canapé. J’ai constaté plus tard que ma réponse n’apparaissait pas, à mon grand désarroi.

    Je tente de me rappeler tout ce que ton billet m’a inspiré.

    C’est très intéressant de voir le café comme symbole des rapports nord-sud. Tu pourrais écrire un livre sur ce sujet, si cela n’a pas été déja fait, ce qui ne m’étonnerait pas. Aujourd’hui, on pourrait présenter un ouvrier chinois à un possesseur de Iphone et lui dire « c’est à ce prix que vous téléphonez en occident ».

    Tu sais que tu m’agaces et m’émerveilles en même temps ? A chaque fois que je pense à une précision que je pourrais ajouter à ton propos, je la trouve quasi systématiquement un peu plus loin.

    Juste un détail que je ne crois pas avoir vu, celle de l’explication de la transformation en France du viennois par le liégeois, à l’occasion de la première guerre mondiale.

    C’est curieux quand même de penser qu’en 1683, le Roi de Pologne sauvait Vienne et qu’un siècle plus tard, l’Autriche participait au dépeçage de son royaume. On peut aussi rappeler qu’un siècle avant, Moscou était occupé par des troupes polonaises et la Prusse était un duché vassal de la Pologne. Le destin est quand même curieux et cruel.

    Ton souvenir du café du Havre et de ses senteurs m’en rappelle un autre. Par les petits matins frisquets et/ou brumeux, l’odeur provenant de l’usine nescafé me faisait espérer une belle journée, ensoleillée mais fraiche.

    J’espère n’avoir rien oublié.

        • An non non, du moins je ne crois pas, à moins que je me perde dans la référence, ce n’est pas dans sa période napolitaine que Lamartine y était allé de sa métaphore venteuse ?

          A moins que ce ne soit une manière pour toi de souligner les résultats des primaires, en citant Lamartine dans sa période Vandamme… Tout le monde sait bien où on finit quand on quitte Lille pour passer par la Belgique ! (surtout si on tourne à gauche)… en Hollande !

          • j’ai juste cité mes souvenirs d’élève de l’école de musique municipale participant dans les chœurs au spectacle de fin d’année avec ce joli chant.

            J’avoue que je n’étais pas troublé de chanter en français sur une musique russe. C’est Lamartine qui a pondu ce texte ?

          • En fait, une fois de plus je n’en ai aucune idée (je vois que tu as décidé d’étaler les limites de ma culture) du champ auquel tu fais référence.

            Je me souviens juste que Lamartine avait toujours tout plein de référence au Zéphyr :

            Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
            Le doux frémissement des ailes du zéphyre
            À travers les rameaux,
            Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
            Ou le roucoulement des colombes plaintives,
            Jouant aux bords des eaux…

            et autres :

            Du zéphyr l’amoureuse haleine, soulève encore tes longs cheveux…

            En fait je me souviens précisément du cours de latin où ayant découvert Eole et Zéphyr, on nous en a fait une longue description pour qu’on oublie que c’était aussi le nom d’une des cités de la ville.

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